À la croisée des arts visuels et du cinéma, le travail d’Éléonore Saintagnan sonde les relations entre réalité et fiction.
En explorant des récits oubliés ou en marge de la grande histoire, l’artiste ne se contente pas de restituer des histoires : elle révèle ce qui, en nous, demeure irrésolu, hybride, entre croyance et rationalité, mémoire et invention. Par l’entrelacement du documentaire et du conte, ses œuvres donnent à voir une réalité mouvante, où le spectateur reconnaît dans l’étrange une part de lui-même. Le doute qu’elle instille ne naît pas d’une mise à distance, mais d’une proximité troublante. Ses œuvres nous interrogent : comment nos imaginaires façonnent-ils notre perception du réel ?
Pour son exposition Vies de bêtes au passage Sainte-Croix, l’artiste aborde la cohabitation entre l’humain et les animaux. Qu’il s’agisse d’un poisson géant au fond d’un lac asséché, d’un perroquet voyageur ou d’une famille d’hippopotames en cavale, les figures animales d’Éléonore Saintagnan convoquent des récits qui nous reconnectent à une nature tantôt célébrée, tantôt exploitée par les Hommes. Sanctifiées dans l’esposition, les sculptures d’animaux qui prennent vie dans ses films sont présentées ici telles des reliques, traces matérielles d’une vie passée. Les histoires revisitées, bien que teintées de merveilleux, s’ancrent dans la réalité et mettent au jour des préoccupations socioécologiques plus qu’actuelles.
Éléonore Saintagnan est née en 1979 à Paris. Elle vit et travaille à Bruxelles.
Remerciements au passage Sainte-Croix, à l’Abbaye royale de Fontevraud, et au Muséum d’histoire naturelle de Nantes.
3 questions à l’artiste
Quelle a été votre première impression de Nantes ?
Je ne me souviens pas de ma première impression, car je connais Nantes depuis mon enfance. J’ai arpenté la ville plusieurs fois avec mon père qui était architecte, habitait et travaillait dans les Pays de la Loire, (notamment avec le cabinet Barré/Lambot). Je n’y étais pas revenue depuis des années et j’ai été très heureuse de revenir à Nantes et d’y voir ressurgir des souvenirs personnels dès ma sortie du train, comme l’usine Lu dont je me souviens avoir visité le chantier à l’époque où elle a été transformée en espace culturel, il y a plus de 25 ans. ·
Que signifie pour vous « espace public » ?
L’espace public est un espace qui n’appartient à personne, et qui appartient à tout le monde à la fois. On peut y faire des rencontres qui n’auraient pas eu lieu dans nos sphères privées, et on devrait pouvoir s’y promener et y exprimer ses idées en toute tranquillité, ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas, il faut parfois lutter pour que ces espaces restent des espaces conviviaux et bienveillants. Pour un artiste, montrer des œuvres dans l’espace public, c’est les confronter à un public plus large que celui de l’art contemporain. C’est une manière de prendre le pouls de la société, des mentalités.
Y a-t-il une œuvre, un lieu, une rencontre ou une situation qui nourrit votre projet pour Nantes?
J’ai pris le nom de l’événement, le Voyage à Nantes, comme une commande thématique et j’ai décidé de faire ressurgir un texte oublié du 18e siècle qui raconte un voyage à Nantes, celui d’un perroquet nommé Ver-Vert. Il s’agit d’un poème badin de Jean-Baptiste Gresset, qui a eu beaucoup de succès à sa sortie, puis est tombé dans l’oubli. Le texte est un peu désuet au premier abord, mais finalement très amusant quand on prend la peine de le lire attentivement. Il existe une rue Gresset à Nantes. Elle forme une épingle à cheveux avec la rue Voltaire, contemporain de Gresset qui, lui, est resté célèbre. C’est d’ailleurs dans cette rue que se situe le muséum d’histoire naturelle, dont un perroquet empaillé incarne le héros de mon film Ver-Vert, et où nous avons tourné ses premières scènes.
CAMPING DU LAC de Éléonore Saintagnan tout l’été au Katorza
En écho à l’exposition « Vies de bêtes » de Éléonore Saintagnan qui se déroule tout l’été au passage Sainte-Croix dans le cadre du Voyage à Nantes, le Katorza présente des séances du film CAMPING DU LAC de Éléonore Saintagnan.
La 1re séance se déroulera le mercredi 2 juillet à 20h30 en présence de la réalisatrice Éléonore Saintagnan – dans le cadre de La Fête du Cinéma : 5€ la place.
Le film sera ensuite programmé chaque vendredi à 15h45 du 04 juillet au 22 août inclus.
Ces séances seront proposées au tarif festival : Plein tarif 7,70 € / Tarif réduit 6 € (Pass VAN, étudiant.es, -26 ans, CartS, chômeurs)
CAMPING DU LAC Comédie de Éléonore Saintagnan (France | Belgique, 2024, 1h10) avec Eléonore Saintagnan, Anna Turluc’h, Jean-Benoît Ugeux…
Ça m’intéresse
À voir à proximité
Passage Sainte-Croix, Rue de la Baclerie, 44000 Nantes
Comment s'y rendre ?
Parkings à proximité : Parking Feydeau, Parking Decré-Bouffay, Parking Baco-LU 2 côté CHU, Parking Baco-LU 1 côté gare, Parking Commerce, Parking Tour Bretagne, Parking Hôtel Dieu
Transports en commun : Bouffay, Commerce, Hôtel de Ville
Vélos en libre service : Bouffay (n°20), Moulin (n°4), Barillerie (n°7), Strasbourg (n°3), Commerce (n°30), Château (n°50), Verdun (n°48), Boucherie (n°8), Ricordeau (n°38), Hôtel De Ville (n°2)
Fermé aujourd‘hui
Du 28 juin 2025 au 31 août 2025
de 10h00 à 19h00 les lundi, mardi, mercredi, jeudi, vendredi, samedi, dimanche
Une équipe de médiation est présente sur place pour assurer l’accueil de tous les publics, qu’ils soient en situation de handicap ou non.
Projection de films non sous-titrés : transcriptions à disposition dans la salle.