Parrallèlement à son intervention au lycée Clemenceau, Romain Weintzem imagine pour les escaliers de l’Hermitage Le Bruit des bottes.
Construits dans les années 1930, puis reconstruits après la Seconde Guerre mondiale, les immeubles de l’Hermitage, en éventail sur la Loire et sur le port, optimisent l’espace et l’orientation. Pour chaque immeuble, le nombre de niveaux augmente en descendant vers le fleuve : quatre à six niveaux au nord, et cinq à six niveaux au sud. Entre ces immeubles, des escaliers et des espaces verts mettent en évidence les massifs rocheux du sillon de Bretagne, avec des marches dessinées à même la roche. Les cinq « cours » entre les immeubles portent les noms de corsaires nantais : Jean de Crabosse, Julienne David, Commodore Guiné, Alexis Grassin, Chevalier Thiercelin.
Sur l’un de ces escaliers aux proportions étrangement monumentales, Romain Weintzem place une vingtaine de paires de rangers qui progressent au fil des marches. Des chaussures de clown mènent le cortège. Les propriétaires des bottes, pourtant en pleine ascension, demeurent invisibles, fantomatiques.
« Le bruit des bottes » est une expression communément utilisée pour qualifier la montée de l’autoritarisme. L’œuvre évoque l’escalade de la violence, le sentier de la guerre. Le groupe est dirigé par un clown, un fou qui use de sa position pour embarquer avec discipline un groupe dans un but qui semble bien flou.
Usant de la représentation burlesque du défilé militaire Romain Weintzem alerte avec Le Bruit des bottes, œuvre forte et engagée, sur l’état de nos démocraties et la montée de l’extrémisme.
Romain Weintzem est né en 1987. Il vit et travaille à Fontevraud-l’Abbaye (Maine-et-Loire.)
Il est représenté par Black Swan Gallery (Bruges).
Du même artiste
3 questions à l’artiste
Quelle a été votre première impression de Nantes ?
J’ai découvert Nantes en 2011, je m’y suis tout de suite senti à l’aise. Cette ville est plurielle, à la fois foisonnante et propice aux déambulations contemplatives.
J’en retiendrai son engagement envers la culture, ses rues animées, les magnifiques serres du jardin des plantes et les crêpes de chez Heb Ken !
Que signifie pour vous « espace public » ?
L’espace public est d’abord caractérisé par la liberté de mouvement et d’accès. C’est un espace pour tous, sans restriction, c’est donc le lieu où se confronter à l’altérité.
Pour moi, présenter une œuvre dans cet environnement c’est avant tout prendre en compte sa réception par le passant, qui contrairement au visiteur d’un espace d’exposition n’a pas forcément choisi de se confronter à une œuvre.
Y a-t-il une œuvre, un lieu, une rencontre ou une situation qui nourrit votre projet pour Nantes ?
Mes projets pour Nantes trouvent leur source avant tout dans le climat sociétal actuel. Je m’inspire de plus en plus largement de l’actualité dans ma pratique artistique.
Les deux œuvres que je présente à Nantes étant de passage, elles seront comme l’actualité, découvertes puis oubliées.
1 Sq. Commodore Guiné, 44300 Nantes
Comment s'y rendre ?
Transports en commun : Salorges, Hangar à Bananes, Lechat
Vélos en libre service : Garennes (n°106), Antilles (n°104), Carrière Misery (n°28), Hangar À Bananes (n°105)
Œuvre visuelle.