Romain Weintzem est sculpteur. Ses œuvres désamorcent avec humour et poésie des sujets graves, et témoignent de son envie d’utiliser l’ironie comme un révélateur et une arme de résistance face aux mécanismes d’emprise de notre société.
Invité à réagir à l’environnement des abords du lycée Clemenceau, l’artiste imagine La Mauvaise Troupe. Rue de Richebourg, des personnages en drôles de tenues de camouflage militaire se font remarquer, tenant en lieu et place de leurs armes d’imposants et clinquants instruments de fanfare. Dans le clocher, rue Clemenceau, l’un d’eux semble avoir poussé le défi jusqu’à escalader l’établissement à son point culminant. Désarmés, ces personnages n’en sont pas moins désarmants, et ils s’approprient avec audace les enceintes du lycée.
Avec cette œuvre espiègle, l’artiste rend hommage à la revue En route, mauvaise troupe !, éditée en 1913 par le groupe des Sârs, lorsqu’ils étaient élèves au sein de ce même établissement.
Emprunté à un poème de Verlaine : « En route, mauvaise troupe ! / Partez, mes enfants perdus ! », leur publication comporte des poèmes, des essais et des traits d’esprit jugés alors antimilitaristes et antipatriotiques. Après une seule parution, la revue est interdite et certains élèves sont renvoyés.
André Breton fut marqué par cette histoire et par sa rencontre déterminante avec l’un de ses protagonistes, Jacques Vaché. La parution d’En route, mauvaise troupe ! est ainsi considérée comme le premier acte du mouvement surréaliste.
Le burlesque et la dérision de l’œuvre proposée par Romain Weintzem rendent hommage à l’humour et la subversion d’un groupe de lycéens qui laissa une trace déterminante dans l’Histoire.
Romain Weintzem est né en 1987. Il vit et travaille à Fontevraud-l’Abbaye (Maine-et-Loire).
Il est représenté par Black Swan Gallery (Bruges).
Du même artiste
3 questions à l’artiste
Quelle a été votre première impression de Nantes ?
J’ai découvert Nantes en 2011, je m’y suis tout de suite senti à l’aise. Cette ville est plurielle, à la fois foisonnante et propice aux déambulations contemplatives.
J’en retiendrai son engagement envers la culture, ses rues animées, les magnifiques serres du jardin des plantes et les crêpes de chez Heb Ken !
Que signifie pour vous « espace public » ?
L’espace public est d’abord caractérisé par la liberté de mouvement et d’accès. C’est un espace pour tous, sans restriction, c’est donc le lieu où se confronter à l’altérité.
Pour moi, présenter une œuvre dans cet environnement c’est avant tout prendre en compte sa réception par le passant, qui contrairement au visiteur d’un espace d’exposition n’a pas forcément choisi de se confronter à une œuvre.
Y a-t-il une œuvre, un lieu, une rencontre ou une situation qui nourrit votre projet pour Nantes ?
Mes projets pour Nantes trouvent leur source avant tout dans le climat sociétal actuel. Je m’inspire de plus en plus largement de l’actualité dans ma pratique artistique.
Les deux œuvres que je présente à Nantes étant de passage, elles seront comme l’actualité, découvertes puis oubliées.
À voir à proximité
Pour le bâtiment de la Direction régionale des affaires culturelles à Nantes, Morellet conçoit, en 1987-1988, un néon rouge – élément qu’il utilise dans son travail depuis 1963 –, L’angle DRAC, qui le transperce littéralement.
1 rue Stanislas Baudry
Lycée Clemenceau, Rue Georges Clemenceau, Nantes
Comment s'y rendre ?
Parkings à proximité : Parking Gare Château, Parking Cathédrale
Transports en commun : Trébuchet, Bouteillerie, Gare Nord - Jardin des Plantes, St-Clément
Vélos en libre service : Jardin Des Plantes (n°63), Saint Clément (n°64), Gare De Nantes Nord (n°60), Gare De Nantes Nord 2 (n°62), Duchesse Anne (n°49), Foch (n°32), Lieu Unique (n°61), Gare De Nantes Sud (n°70)
Œuvre visuelle.