ARCHIVE
Édition 2018
Passage Pommeraye
Éloge de la paresse
PHILIPPE RAMETTE

Les œuvres de Philippe Ramette, qu’elles soient dessin, sculpture ou photographie, expérimentent et proposent des points de vue décalés sur le monde.

Connu pour se mettre en scène, élégamment habillé de son éternel costume noir, l’artiste se représente dans ses photographies à l’envers dans un monde à l’endroit et inversement. Défiant les lois de la gravité et de la logique, sans jamais avoir recours à la manipulation de l’image, Philippe Ramette tient la pose « naturellement », comme c’est encore le cas pour cette photographie de l’événement (en couverture du programme du Voyage à Nantes 2018) qui évoque la composition de la célèbre œuvre romantique Le Voyageur contemplant une mer de nuages, de Caspar David Friedrich.

L’artiste questionne ainsi avec ses« expérimentations irrationnelles » la réalité dans ce qu’elle a de plus tangible et de plus physique. Tel un dandy qui traverserait les époques, il défie la rationalité du monde et en propose, avec beaucoup de poésie et d’humour, une vision absurde et métaphysique. Pour cela, il invente et fabrique tout un tas d’objets, et notamment des prothèses, qui lui permettent de contredire les codes régissant la vie terrestre (bas / haut, sous / sur, petit / grand, devant /derrière…). Dans l’univers de Philippe Ramette, entre comédie et tragédie, tout est histoire d’acquisition de nouveaux points de vue et d’attitude contemplative face au monde et à ses paysages. 

Éloge de la Transgression, représentant une écolière grimpant sur un socle vide, s’introduit ainsi cours Cambronne tandis qu’Éloge de la paresse flotte au-dessus de la tête des promeneurs du passage Pommeraye.
Éloge de la Discrétion tente de se fondre dans le décor du passage Sainte-Croix ; Éloge de l’Adaptation rétablit sa posture verticale après qu’un terrain en pente a fait basculer son socle au Château des ducs de Bretagne. 

Place du Bouffay, Éloge du pas de côté est une sculpture en bronze qui représente, sous les traits de l’artiste, un personnage masculin en costume, le regard tourné vers l’horizon. Seul un pied repose sur le socle, l’autre s’en échappe. La sculpture devient ainsi l’allégorie du pas de côté et rend hommage à l’audace de la ville, à son engagement et à son rapport étroit à la culture.