Fasciné par la manière dont le noir de la salle de théâtre agit comme un révélateur de lumière, Aurélien Bory est un artiste de l’illusion et de la magie. Dans ses mises en scène – que les Nantais ont pu découvrir au Grand T où il est artiste associé depuis 5 ans –, acteurs, danseurs ou acrobates évoluent dans des décors et des lumières qui convient le spectateur à un véritable voyage émotionnel.
Pour cette création, Aurélien Bory s’est intéressé au sens latin du mot spectacula : “les places au théâtre”. L’installation suit littéralement cette définition et s’empare, comme seuls éléments qui la composent, des sièges du théâtre éclairés individuellement.
Le visiteur est convié à arpenter la scène, car c’est dans la salle que le “spectacle” se déroule. L’installation lumineuse, sans début ni fin, suit un processus d’extinction : régulièrement, la totalité des sièges sont éclairés puis s’éteignent un par un selon des scénarios différents.
Dans Spectacula, les sièges sont chacun comme des individualités isolées et solitaires. En s’éteignant les uns après les autres, inéluctablement jusqu’au dernier, ils accomplissent tout destin individuel et collectif… Et tout recommence, telles les générations qui se succèdent.
À « l’intérieur jour » de la salle de l’Opéra répond un « extérieur nuit » que l’artiste installe dans le vestibule du théâtre. Visibles depuis la place Graslin dès la tombée de la nuit, de grandes lettres en néon blanc forment le titre de l’œuvre : SPECTACULA. référence aux grandes salles de spectacle ou de cinéma qui affichent en façade leur programme en lettres lumineuses, elles font preuve ici d’une grande instabilité : les lettres vibrent, s’allument et s’éteignent en alternance, forment d’autres mots tout en créant dans le noir du vestibule une tempête visuelle digne des orages d’été.