Art contemporain
Place Graslin
Mothership
Prune Nourry

Entremêlant avec subtilité questionnements existentiels et débats scientifiques, force du sacré et enjeux de société contemporains, Prune Nourry invite, par une démarche humaniste, à réfléchir à notre origine et notre devenir communs.

En 2010, l’artiste propose à une femme enceinte de huit mois de poser dans une piscine gonflable remplie de lait. Le liquide crée un horizon dont ne dépassent que certaines parties du corps. Elle photographie son modèle, puis s’en inspire pour réaliser une sculpture en argile à taille humaine, moulée, puis tirée en béton. Tout de suite, l’envie de produire cette œuvre à grande échelle s’impose à elle. C’est ainsi qu’elle réalise Mater Earth, œuvre pérenne entièrement en terre pour Château La Coste en 2023.

Dans la lignée de ce projet, elle réalise dans le cadre du Voyage à Nantes une œuvre inédite : Mothership. De près de 17 m de long, la sculpture prend la forme de coques de bateaux retournées, faisant écho au passé de la ville, l’un des plus anciens ports de France.

Réalisées en métal, les armatures de ces coques dessinent les lignes de ce squelette qui apparaît à la fois humain, animal et naval, jouant de l’hybridation des formes du vivant, au cœur du travail de l’artiste.

Comme dans l’ensemble de son œuvre, Prune Nourry mêle, avec Mater Earth et Mothership, différentes sources d’inspiration : du temazcal (hutte de sudation issue de la culture préhispanique d’Amérique Centrale et du Nord) aux grottes de Lascaux, jusqu’à des œuvres emblématiques des années 1960, de Niki de Saint Phalle ou Jean Dubuffet.

Prune Nourry est née en 1985. Elle vit et travaille entre New York et Paris.
Elle est représentée par la galerie Templon (Paris, Bruxelles) et Simon Studer Art (Suisse).

Parcours de médiation : 7j/7 à 16h et 17h.
RDV place Graslin (parcours incluant le cour Cambronne et la rue de l’Héronnière).
Durée : 20-30 min. Sans réservation et dans la limite des places disponibles.

Prune Nourry. Mothership. Esquisse, Le Voyage à Nantes 2025
Prune Nourry. Mothership. Esquisse, Le Voyage à Nantes 2025

3 questions à l’artiste

Quelle a été votre première impression de Nantes ?
J’avais 20 ans lorsque je suis arrivée à Nantes pour mon stage de deuxième année de l’école Boulle, où j’ai étudié la sculpture sur bois. J’ai eu la chance de réaliser ce stage à La Machine auprès de François Delarozière. Sous la houlette de ses incroyables équipes techniques, j’ai contribué à finaliser la trompe du mythique éléphant ainsi que patiner les balcons, juste avant la première représentation. J’ai également travaillé sur la première maquette 4 faces de l’onirique projet de l’Arbre au héron. Ce stage a eu lieu à un moment charnière de ma formation et m’a permis de découvrir le lien intime entre le bois, le geste et le spectacle vivant. C’était donc une première impression de Nantes très marquante et déterminante !

Que signifie pour vous « espace public » ?
L’opportunité d’investir l’espace public est pour moi une opportunité de travailler sur les échelles et de permettre à chacune et chacun de retrouver ces ressentis d’enfance d’être un lilliputien face à un ou une géante. De proposer des rencontres avec des oeuvres qui nous plongent dans l’émerveillement, le mystère, qui invitent à interagir en entrant, en touchant la matière. Je crois que lorsque l’art crée de la connection et de l’empathie, il fait bouger les lignes. Ce rapport au monumental m’habite depuis l’enfance – j’ai un souvenir très marquant de rencontres au Sri Lanka et en Inde avec les bouddhas géants couchés, vécues avec mes yeux d’enfant. J’ai ensuite travaillé sur des figures monumentales comme lors de l’exposition que j’ai réalisée au Musée Guimet en 2017, en dialogue avec les bouddhas des collections du musée, ou Mater Earth – oeuvre permanente installée au Château La Coste dans le Sud de la France. Mothership est une rencontre proposée aux Nantais et visiteurs de passage avec une géante enceinte dont les formes surgissent de terre et dont l’armature fait écho aux coques de bateaux qui prennent vie dans la région

Y a-t-il une oeuvre, un lieu, une rencontre ou une situation qui nourrit votre projet pour Nantes ?
L’équipe de Royal De Luxe et de La Machine avec qui j’ai eu la chance de travailler lors de ce stage formateur et avec qui j’ai gardé le lien. Je travaille en ce moment avec Antoine Piffaut, un de leurs ingénieurs, pour le projet de la gare Saint-Denis Pleyel. Leur façon de métamorphoser le bois, le métal et la toile en personnages vivants a prolongé la vision que j’ai de la sculpture comme récit collectif. Je suis revenue voir il y a quelques années François Delarozière avec des amis artistes brésiliens incroyables, les Os Gemeos, qui rêvaient de le rencontrer. Il nous a fait visiter les nouveaux locaux de La Machine, sur l’Île. C’était magique d’être témoin de l’écho et du langage universel des géants de La Machine à travers les continents, en Chine, en Afrique, et jusqu’au Brésil où ils étaient une inspiration pour ces artistes.