ARCHIVE
Édition 2018
Carré Feydeau
Outside
DANIEL FIRMAN

L’immeuble Carré Feydeau, livré en 2013 au cœur de la ville et à l’extrémité de ce qui était autrefois l’île Feydeau, possède des sous-sols aux dimensions insoupçonnables. Dans cet espace hors norme, Daniel Firman propose plusieurs œuvres fortes, jouant avec les sensations du spectateur et accentuant l’inquiétante étrangeté d’un lieu aussi vaste et obscur. 

Something strange happened here, un néon monumental, sature le sous-sol d’une lumière violette et conforte un phénomène à définir, jouant de l’idée d’un trouble psychique dont l’émergence serait inhérente au lieu. Quelque chose d’étrange prend place ici. 

D’autres sculptures énigmatiques s’amusent de la perception. Alors qu’une platine de disque, capot ouvert, tourne sur elle-même, le plateau de celle-ci, sur lequel est posé un verre de bière, demeure immobile. Luxman ne restitue plus que le son de son propre déplacement. Dry Wash, sculpture-objet composée d’un sèche-linge sur une machine à laver, recouverte de néons blancs sous vitrine, juxtapose ces contraires que sont le sec et l’humide. Drone Project montre trois guitares électriques motorisées tournant autour d’un axe fixé à l’extrémité de leur manche. Elles entraînent un disque équipé d’un médiator qui frotte les cordes à chaque rotation. Chacune des guitares produit un accord déterminé, en si, mi et la. Ce son amplifié diffuse une musique ondulatoire, aux notes longues et répétitives faisant référence à la drone music, musique du « bourdonnement ». Le son étrange et hypnotisant de Drone Project cueille le spectateur dès son entrée dans le Carré Feydeau et fait écho à celui entendu dans le théâtre Graslin. Enfin, Le Feu, empilement de bûches moulées en bronze au milieu desquelles se laisse percevoir le tremblotement d’une flammèche, évoque avec humour l’image du foyer, de la préhistoire au kitsch contemporain des cheminées factices.