Très rares sont les villes d’Europe pouvant se flatter de posséder un passage couvert d’une telle valeur architecturale. Créé en 1843, il est entré intacte dans le XXIe siècle et a inspiré plus d’un artiste, notamment le cinéaste Jacques Demy (Lola, Une chambre en ville)
Agnès Varda (1928, Ixelles) s’y installe pour tendre malicieusement un miroir aux films et au cinéma. Elle reproduit fidèlement la boutique de télévisions de Michel Piccoli dans Une chambre en ville: comme pour marquer le passage du temps, des télévisions de toutes époques diffusent archives, extraits de films de la cinéaste, chaînes actuelles…
« Vieille cinéaste et jeune plasticienne », comme elle se définit elle-même, Agnès Varda signe une deuxième œuvre résolument politique, située cette fois à l’étage du Passage. L’attention qu’elle porte aux oubliés de notre société ne s’est jamais démentie, et c’est en allant à leur rencontre qu’elle construit son projet. Elle leur demande les solutions qu’ils trouvent pour se loger, pour vivre, pour survivre, pense l’aménagement d’un « squatt » en conséquence et y inscrit leurs visages et leurs paroles