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Édition 2017
Place Royale
La terre où les arbres rêvent
LAURENT PERNOT

L’identité, la fragilité, l’origine et les limites du vivant figurent parmi les thèmes majeurs de Laurent Pernot. Énigmatiques, ses œuvres se nourrissent autant de recherches en anthropologie, astrophysique ou écologie que de l’imaginaire du cinéma, de la littérature et de l’histoire de l’art.

Le potentiel fictionnel du site qu’il investit et la relation au spectateur sont également déterminantes : « Je cherche à instaurer un rapport poétique au temps qui englobe le passé et le futur, le proche et le lointain, afin de mieux comprendre ce que nous sommes, ce qui fait de nous des êtres à la fois détachés et indissociables du monde – violent et fascinant – dans lequel nous évoluons ».

Laurent Pernot s’inspire ici de la présence de l’eau et du rôle qu’elle a joué dans l’histoire de la ville, mélange de fortunes et de tragédies. Se référant aux terres lointaines, il propose un paysage surréaliste en imaginant, à proximité de la fontaine représentant la Loire et ses affluents, une île, une oasis fantôme.

D’aspect fossilisé, ces arbres venus de continents et d’ères différents – un cocotier d’Afrique et un cordaïte, arbre tropical préhistorique aujourd’hui disparu – sont comme endormis. Sculptures de béton, ces géants de pierre accueillent en leur cime courbée des figures blanches asexuées, à la morphologie humaine. Assoupies, peut-être réfugiées ou rescapées, elles semblent provenir d’un autre temps, mais nous ressemblent étrangement. Dans leur posture intime du sommeil, elles sont vulnérables et pourtant inatteignables en haut de leur arbres. Dans un contexte hanté par le réchauffement climatique, silhouettes et arbres ne font plus qu’un. Malgré cet équilibre précaire entre l’homme et la nature, le réveil de ces êtres est possible : « Sur terre, il n’y a pas de roi, les hommes et les arbres rêvent ensemble. »